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les exabusations d'Euphrosyne

16 septembre 2013

j'ai mal à mon petit coeur de beurre

Ma mère utilisait souvent cette expression pour me décrire. Elle me disait " tu as un petit coeur de beurre, tu vas te faire marcher dessus" 
Elle n'avait pas tort. Me faire vampiriser, je sais faire et j'ai effectivement un coeur en guimauve capable de capter toutes les émotions qui l'entourent. 

Angoisses transferentielles, le retour! 

Je sors de notre avant dernière séance avant mon déménagement et je me retrouve en pleine crise d’angoisse, à pleurer à gros sanglots, ne pouvant presque pas respirer, et serrant contre moi le petit mouton en peluche, ressemblant en tous points à celui qui se trouve dans son cabinet et que j'affectionnais particulierement pendant les séances de groupe. 
C’est une nouvelle expérience pour moi et je n’ai jamais été dans une telle souffrance morale et physique. J’ai l’impression qu’on m’arrache le cœur littéralement. C’est une sensation très désagréable et difficile à supporter.
Nous n 'avons parlé que de ça aujourd'hui, et, chose rare, je me suis mise à pleurer. Elle est pas bonne celle là? c'est au moment où je m'en vais que je trouve le moyen de lâcher prise et de m'autoriser à pleurer devant elle. Encore que, j'ai retenu beaucoup et qu'elle n'est pas dupe, mais ça c'est un autre sujet. 
Je l'ai quittée il y a quelques heures et j'ai déjà eu trois crises de larmes, presque à en suffoquer. Je ne la revois pas avant 10 jours et ce sera deux jours avant que je ne m'en aille de ce chez moi, qui est comme chez nous en fait. Comme elle me l'a fait remarquer toute à l'heure, avoir son psy dans son immeuble, c'est pas courant, et une grosse partie de mon angoisse de départ est liée certainement à cette assimilation que je dois faire inconsciemment entre quitter mon appartement et quitter "la maison". Je ne peux aborder le sujet avec elle, ou être là, devant mon ordinateur, sans me mettre à pleurer. C'est insupportable.
Je sais que, dans l'absolu, je peux l'appeller si j'ai c'est insurmontable, mais je sais aussi que je ne le ferais pas, car j'ai honte d'être comme ça. Mais quand vais je pouvoir vaincre ce transfert et m'en sortir? 

 

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16 septembre 2013

Unchain my heart

Comme vous le savez, je travaille depuis 18 mois avec ma thérapeute. 18 mois. Cela paraît énorme quand je le dis, et si peu de temps à la fois. 
Pendant quelques uns de ces 18 mois, Marie m'avait demandé de rejoindre le groupe continu qu'elle animait avec son mari, thérapeute également. Au début terrorisée, j'ai fini par accepter d'y aller. 

L'expérience a été rude pour moi; faire partie d'un groupe (familial, amical, professionnel..) m'est toujours difficile. Cela étant dit, j'ai rencontré des superbes personnes lors de cette expérience. Pierre, (le mari de ma thérapeute) s'est avéré être une rencontre cruciale pour moi, même si j'étais à la fois fascinée, terrorisée et curieuse en ce qui le concernait (mon rapport aux hommes en âge d'être mon père est un vaste sujet, que j'aborderais, ou pas, plus tard)

Dans ce groupe, j'ai fait la connaissance d'une jeune femme assez étonnante, et, contre l'avis de Marie, suis devenue amie avec elle dans la vraie vie. Marie ne nous a jamais interdit de nous voir mais m'avait mise en garde sur les limites de notre amitié compte tenu de notre rencontre au sein du groupe. 
je ne l'ai, bien sur pas écoutée et me suis aperçue au fil des mois que la réalité était là. Mon amitié avec Sidonie s'est avérée être un TRES mauvais choix. 

Au début je a trouvais mignonnette avec son petit coté femme/enfant. Il est vrai qu'elle m'a vampirisée de suite en me prenant pour sa thérapeute de substitution et en m'appellant systématiquement en l'absence de Marie. Moi, evidemment, je ne sais pas dire non. Alors pendant des mois, j'ai vécu au rythme de ses appels téléphoniques et de ses plaintes répétées sur ses soucis perso, alors que j'avais les meins et qu'elle ne respectais pas mes limites . C'est de ma faute, je l'ai laissé faire. 

Il y a 2 mois de cela, elle a mis en danger ma relation à Marie, et a, à mon sens, a fait du mal à quelqu'un d'autre alors qu'il ne le méritait pas. C'est à ce moment que j'ai eu le declic. De celui qui dit, il faut absolument s'éloigner d'elle. 
Je n'ai volontairement pas parlé de cet incident à Marie. Sidonie si, je m'en doutais un peu. Mais la semaine dernière, quand Marie m'en a parlé, j'ai ressenti une tension entre elle et moi. L'excuse que je m'étais trouvée pour ne pas lui en parler était que je ne voulais pas que Sidonie, qui prend suffisamment de place comme ça, vienne en plus occuper l'espace dans la séance, mais je crois qu'en réalité je ne voulais pas décevoir Marie. J'avais certainement peur de sa réaction. Son regard a pris énormément d'importance et je supporterais mal qu'elle m'en veuille ou soit en colère contre moi. Et à ce moment là, je me suis sentie comme une enfant qui allait se faire gronder pour avoir fait une bêtise. C'est tellement idiot! 

C'est la partie qui me déplait le plus dans mon travail thérapeutique, cette regression perpetuelle. 

En cela, mon travail avec Marie devient compliqué. Je suis à la fois prisonnière de mon lien avec elle et suis en train de vivre un déchirement comme je ne me souviens pas d'avoir vécu avant, et, en même temps, ce lien affectif est si fort qu'il en est presque paralysant. 

16 septembre 2013

Transfert, je te hais, c'était plus facile avant!

Mon lien thérapeutique est en train d’atteindre son paroxysme. 

J’ai décidé de  déménager puisque je viens d’accepter un job dans une ville environnante et que le trajet me fatigue trop et n’est pas compatible avec mes horaires. Seulement voilà, la décision, qui paraissait si évidente, m’a plongée dans un désarroi intense.  Je vis très mal le fait de me séparer de Marie.  Parce  que j’habite dans le même immeuble que son cabinet parce qu'il y a beaucoup d’affect avec cet appartement, parce qu'il y a beaucoup d'affect avec elle. 

J’ai l’impression de me séparer d’elle. Rajoutons à cela que nous en avons discuté juste avant son départ en vacances il y a deux semaines et que, pensant que je ne pourrais plus venir la voir, elle m’a annoncé qu’il fallait qu’on commence à travailler sur notre séparation. 

Cette remarque, qu’elle a fait uniquement par incompréhension, m’a fait l’effet d’une gifle. Et depuis, je ne peux pas penser à mon déménagement sans pleurer. C’est extrêmement déroutant puisque quitter et déménager, fuir, c’est ce que je faisais de mieux avant de travailler avec elle. La  bonne nouvelle, c’est que nous avons avancé.  La mauvaise, c’est qu’évidemment cette crise survient alors que mon père s’affaiblit de plus en plus et qu'elle est en vacances.   Je n’arrive pas à m’enlever sa suggestion de la tête « il faut qu’on songe à se séparer »  Même si j’ai décidé de continuer à travailler avec elle, j’ai la nette impression de la laisser derrière et cette séparation qui n’en est pas une a ouvert une plaie très douloureuse que je n’arrive pas à analyser. En plus, je me sens comme une enfant, chose que je déteste totalement. 
Et si elle n’avait pas dit cela de manière anodine ? Si elle pensait vraiment  qu’il est temps de se séparer ? je ne peux pas imaginer qu’elle me lâche maintenant mais pourtant cette crainte m’envahit de plus en plus.


Un mois et quelques jours d'absence seulement et je ne peux décrire l’immense sensation d’apaisement que j’ai eu lorsque j’ai vu son visage. 

 J’ose l’admettre, elle m’a manqué beaucoup plus cette fois ci que l’année dernière, quand notre lien était encore naissant. La séance a été fructueuse pour moi car j’ai peu aborder avec elle ce qui m’a tourmenté tout l’été.
Pendant que je lui racontais que mon départ me causait beaucoup de tristesse, elle m’a avoué ressentir un éloignement de ma part. (j'ai découvert la séance suivante qu'en réalité, elle s'attendait à ce que j'aborde un sujet bien particulier dont je vous parlerais plus tard)


 Elle a sans doute raison. Par mesure de protection, j’enfile ma carapace pour gérer l’après. Mais après quoi ? 
J’anticipe l’éventualité que notre travail s’arrête brusquement et que je doive gérer seule dans une autre ville. Et si on va plus loin dans le raisonnement, je ne respecte pas ma partie du contrat en ne lui faisant pas confiance.

C’est infernal. Rien que d’y penser me fait pleurer. Nos rendez-vous sont pourtant calés mais je n’arrive pas à surmonter cette angoisse. Je me sens tellement conne d’être comme ça. Mettre des mots dessus devient difficile et nous avons touché un point important de ma relation à l’autre. Je suis systématiquement dans un système de défense.

16 septembre 2013

my shrink and I, ou comment les premières séances ont été douloureuses

Pardonnez moi, mais je vais revenir pendant quelques temps sur mes anciens écrits, car je trouve intéressant de me pencher sur mon évolution lors de ces 18 mois de thérapie gestalt. je ressens le besoin de retourner en arrière, car j'ai la très nette impression que notre travail va s'arrêter là. 

Je me souviens que j'avais peur, très peur d'aller la voir. C'est une femme très douce pourtant, et très chaleureuse, mais j'étais dans un tel mal-être à ce moment là. 
"Les premières séances sont un véritable pensum. Je ne sais pas quoi lui dire, et pourtant je ne cesse de parler. De tout, comme ça, en vrac. Et je regrette déjà !  Mon esprit s’égare (ou fuit volontairement)  et je me demande aussi comment elle fait pour ne pas être aspirée par le mal-être qu’elle a en face d’elle. Comment fait-elle pour évacuer tout cela avant de rentrer le soir et avoir une vie normale avec son mari, qui, en plus fait le même métier ?
Je sens qu’elle m’observe et je n’aime pas ça. Je suis particulièrement attentive à mon corps  dont je ne sais que faire, et  surtout à mes mains, ces deux traitres qui font que je suis vite démasquée. A ce moment-là, ma petite voix me dit  « c’est malin, regarde dans quel guêpier tu t’es fourrée »
Malgré cela, paradoxalement, je ne me sens pas particulièrement en danger. Elle dégage une  douceur et une bienveillance évidentes,  et surtout, elle sourit tout le temps.  Elle a l’air si serein, ça m’épate !
Mon cerveau est là pour me rappeler que le but de la manœuvre est de lever tous ces freins, et ce,  même si certaines étapes seraient plus difficiles que d’autres et que si j’avais eu  du mal à prendre la décision initiale de suivre une thérapie , il me faudrait aller au bout, sinon avoir fait une telle démarche  n’aurait rimé à rien.
Tiens, revoilà le super tandem cœur versus raison….  Ce duo de choc qui me tourmente en permanence.
Il y a quelques temps, au sortir d’une séance qui de premier abord ne semblait pas plus éprouvante qu’une autre, je me suis à nouveau sentie tiraillée entre les deux. Tout mon système d’alarme s’est mis en route comme si il me disait « attention, intrusion dans la zone ultra sécurisée ».  Il s’est avéré, mais ça je ne l’ai su qu’après,  que nous avions abordé un sujet particulièrement sensible.
Je me suis demandé ensuite si cela ne voulait pas dire tout simplement que le travail que nous faisons toutes les deux  fonctionne. Suis-je de ce fait rassurée ? Non, j’ai toujours cette envie de me sauver en courant !  
Et puis il y a  les silences. Dans ces moments-là, qui, j’imagine lui servent beaucoup, je me sens traquée sans aucune porte de sortie.  Elle n’amorce pas la conversation et attend systématiquement que je parle. Je me sens alors obligée de dire quelque chose tellement ces silences sont angoissants. C’est d’ailleurs lors de ces silences que je me sens le plus vulnérable, alors que quand nous échangeons j’ai au moins l’illusion de détourner son attention sur autre chose que moi  (ce qui est totalement idiot quand on y réfléchi bien)
Je n’aime pas que l’on me remarque, et même si ce regard particulier est sans jugement, je le trouve aussi pesant que les autres. La plupart du temps, dans le quotidien, je n’ai pas à le confronter puisque je passe mon temps à m’inquiéter du sort des autres.  J’écoute, je conseille et je ne raconte quasiment pas ma vie. Certaines de mes proches amies me l’ont déjà reproché d’ailleurs quand elles perçoivent une certaine tristesse ou un moment de stress chez moi. « Toi, t’es une vraie tombe » ou «  t’es chiante, tu nous dis jamais rien »  et je ne compte pas le nombre de fois où je leur ai répété « non, mais arrêtez, je vais parfaitement bien ! »  Leur refusant au passage le droit de jouer leur rôle.
Je suis envahie par une grande culpabilité depuis le début de ma thérapie. Et si cette façon d’écouter mes amies me déverser leurs soucis  n’étaient finalement pas de l’empathie mais simplement une façon d’éviter de me pencher sur les miens ?
Maintenant que cela fait quelques mois que toutes les semaines ou presque je raconte à une parfaite inconnue ce que je suis incapable de raconter à mes proches, je commence à percevoir les bienfaits de cette thérapie. L’envie de fuir m’arrive encore, mais moins souvent.
Et puis, alors qu’au fur et à mesure les semaines passent, je suis moins  angoissée à l’idée d’aller à ces séances, je me suis enfin rendue compte, que oui, sortir tout ce qui m’ encombre, de situations anodines ayant eu cours dans mon enfance et qui  pour une raison X ou Y m’ont contrariée outre mesure, à de plus sérieuses, comme la perte prématurée de ma mère,  apprendre à accepter d’exprimer ces émotions si dures à affronter,   tout cela me permet finalement de retrouver gout à la vie. Jusqu’à présent, je me contentais d’exister, de fonctionner, et là je commence à vivre. Il m’a toujours été conseillé de lâcher prise ; c’est vrai, ça détend. Même si cela reste un exercice difficile, avec ses hauts et ses bas, avec des jours où je me dis « j’ai pas envie d’y aller », je trouve ce travail intéressant et enrichissant.
Je commence à accepter que je ne suis pas seule du tout, qu’un réseau de soutien très solide est autour de  moi et pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression qu’il y a de multiples options dans mon futur, comprenant enfin ce que voulait dire Walt Whitman quand il a écrit « Two roads diverged in a wood, and I, I took the one less traveled by, And that has made all the difference »

 

Même si nous en sommes au tout début  et que les bases ne sont pas encore très solides, j’ai la sensation que suivre cette thérapie, qu’elle dure des mois ou qu’elle s’arrête demain est certainement le plus beau cadeau que je me sois fait."
16 septembre 2013

Avant, j'avais des superpouvoirs mais ma thérapeute me les a confisqués

Ce blog est une renaissance. Et le début d'une séparation. Je grandis. Dans 3 semaines, j'aurais déménagé vers mon nouveau lieu de travail et mes séances avec ma thérapeute seront plus rares, me laissant avec un sentiment d'abandon très douloureux.
Le jour où j'ai décidé d'entreprendre une thérapie, j'avais écrit :
"Le jour où j’ai décidé d’entreprendre une psychothérapie
Ma vie est devenue fade, sans saveur. Une carrière qui s’effondre, pas d’homme dans ma vie, pas d’enfant, c’est bien triste tout ça. Lentement mais surement je sombre vers un gros trou noir. Je ne sors quasiment pas, j’ai envie de pleurer la plupart du temps et en plus j’ai eu la riche idée de venir m’installer dans une ville certes très belle, mais où je m’ennuie comme un rat mort. Ma famille et mes amis me manquent et la solitude me pèse. Je sais au fond de moi-même que je ne peux pas rester comme ça.  Pour la première fois je commence à admettre que je dois faire quelque chose. Mais quoi ?
Une psychothérapie ? Quelle idée ! Je ne suis pas folle, je suis perdue. J’ai honte de dire que ma première réaction à une telle suggestion fut de m’appuyer sur un de ces clichés que je déteste tant.
J’ai lutté longtemps contre. Ce fut une démarche intellectuellement et émotionnellement longue et laborieuse. Probablement la plus difficile des décisions que j’ai eu à prendre dans les 36 années qui font mon existence. Une longue valse avec moi-même, faite de pas en avant et du double en arrière.
Mais elle m’est finalement apparue comme une nécessité ; comme si j’étais au pied d’un mur avec aucune autre alternative que de le franchir.
Le mot « thérapie » me faisait peur, sanction inévitable d’une situation laissée dormante pendant des années, années passées à faire l’autruche et à courir partout sauf dans la bonne direction. J’arrivais jusqu’à présent à me convaincre que seule ma volonté me permettrait de me sortir de ce profond mal-être m’habitant en permanence.
En réalité,  pendant des années j’ai fui. Emotionnellement d’abord, en refusant de me laisser approcher de trop près par les personnes paradoxalement les plus proches de moi. Mes parents, aussi bien ma mère, que mon père et ma belle- mère, et moi  fonctionnions sur un mode de communication essentiellement contrôlé par moi, en ce que je ne leur disais que très peu sur ma vie afin de ne pas avoir à affronter leur jugement sur mes choix de vie.  Cela a très bien fonctionné également avec mes frères et sœurs. Quand confrontée à une situation difficile à digérer, plutôt que de l’exprimer, je fuyais, physiquement  aussi, en me réinventant une vie  à l’autre bout du monde, et émotionnellement par un quasi systématique refus de rentrer dans cette tribu avec ses bons et mauvais moments.
Combien de fois ai-je entendu mon père me dire « on ne t’entend jamais »  et combien de fois ai-je levé les yeux au ciel en entendant cette phrase, la balayant d’un revers de main qui voulait  dire « fichez moi la paix, je suis bien là dans ma bulle toute seule, au moins pas de contrariétés »
Je me suis lancée à corps perdu dans ma carrière sans me préoccuper de ma vie personnelle. « Etre en couple ? bah, je suis parfaitement bien toute seule. »
C’est uniquement quand ma situation professionnelle a volé en éclats que ma petite bulle confortable a percé et je me suis retrouvée à l’open, vulnérable,  complètement  perdue  et surtout, c’est à ce moment- là que je me suis aperçue qu’être seule quand tout un pan de votre vie s’effondre rend les choses encore plus difficiles à gérer.
Et je me suis retrouvée là,  dans une impasse, sans solution. Seule, et devant admettre que je ne pourrais plus avancer comme je l’avais fait jusqu’à présent, en ne comptant que sur moi- même ; ce système si bien rodé, ne fonctionnait plus.
Comme pour mon  médecin à qui je confie mon  bien le plus précieux, la prochaine étape de ma décision fut de savoir à qui j’allais m’adresser. Et qu’est- ce que j’y connais moi en psychothérapie?
J’ai alors réalisé que la solution était sous mon nez depuis des mois. La première chose que j’ai vue en emménageant dans mon appartement, était une plaque indiquant un cabinet de psychothérapeutes.  Information rangée très vite dans une case de mon cerveau. Ils auraient pu être dentistes ou dermatologues, en tous cas, la connexion ne s’est pas faite ce jour-là. J’avais repéré des praticiens dans mon immeuble, de quelle nature ce n’était pas d’une importance cruciale. C’est un soir, plus d’un an plus tard, en rentrant dans l’immeuble comme je le l’avais fait un milliard de fois que la dite plaque a attiré mon attention. Et c’est ironiquement  la personne qui est la raison de mon explosion en vol professionnelle qui, en passant devant l’immeuble me dit «  tu habites là ? Cette psychothérapeute est excellente » (de réputation, elles ne se connaissent pas)  Je lui réponds par un simple « mouais » qui voulait dire « t’occupes, quand j’aurais besoin de ton avis, je te le laisserais savoir »
Seulement voilà, l’idée me trottait déjà dans la tête depuis un petit moment, depuis son arrivée en fait, quand j’ai perçu en elle un ennemi dont je ne me déferais pas si facilement. Dès son arrivée, elle a mis le doigt non seulement sur mes qualités et défauts professionnels (c’est son boulot) mais elle m’a surtout attaquée sur ma personnalité. Et je n’ai jamais autorisé personne à aller sur ce terrain- là. Bien que je ne sois pas en mesure de lui accorder ce crédit car c’est elle qui a ré ouvert la plaie, force est de constater, qu’en me poussant dans mes retranchements, elle m’a permis de réaliser qu’il fallait absolument agir avant de finir dans le mur.
Bref.
Décision prise+ thérapeute localisée = >  Solution facile.
Sauf que non. 
Déjà, sa discipline de spécialité, la Gestalt thérapie, est inconnue au bataillon. Et Bibi et l’inconnu ne sont pas très copains !
Donc, fidèle à mes habitudes didactiques, j’engrange un maximum d’informations théoriques sur le sujet et découvre qu’il s’agit d’une «  thérapie qui a pour objet de rendre un individu conscient de ses contradictions afin de pouvoir les réduire » (impeccable !) et que « Les Gestalt-thérapeutes, qui pratiquent soit en individuel soit en groupe, interviennent dans le processus mais ne sont jamais directifs » (encore mieux !)
Il se passera encore un mois avant que je ne me décide à l’appeler et deux très longues semaines d’appréhension avant notre premier face à face. J’ai envie d’annuler plusieurs fois.  Mais pour une raison qui m’échappe encore, ne le fais pas.  
Décider de faire une psychothérapie a un côté assez paradoxal. A la fois on se sent méfiant  et désarmé  face à cet inconnu qu’est le thérapeute mais néanmoins on lui apporte sur un plateau une confiance quasi sans faille en lui révélant tout ce nos petits secrets.  
Intellectuellement j’ai du mal à l’intégrer. Moi qui ai passé ma vie à me protéger d’éventuelles blessures,  me voilà lui donnant les armes et l’opportunité,  lui fournissant tout ce dont elle a besoin pour m’achever.  Je lui abandonne le contrôle de la situation en la laissant me guider dans les méandres de mon existence.  La raison me dit qu’elle n’a aucun intérêt à s’en servir pour me faire du mal, mais à ce moment- là, je ne fais que découvrir cette nouvelle personne et ne sais pas quoi attendre de cette nouvelle situation.  "
La "situation" a évolué, dix-huit mois de travail plus tard, j'ai appris beaucoup de choses à son contact, et ai réappris à m'attacher et à aimer quelqu'un sans condition. 
Pendant ces dix huit mois, j'ai beaucoup exploré mon transfert. Je ne savais pas comment lui en parler et ai mis beaucoup de temps à le faire mais notre lien est si fort (en ce qui me concerne) que je me suis vite retrouvée dans une situation que je ne pouvais anticiper ou contrôler.
C'est donc ça l'amour? Car oui, je peux enfin le dire aujourd'hui, et par, "je peux" je veux dire que j'ai enfin trouvé la capacité en moi de l'admettre, c'est bien une forme d'amour que je ressens quand je suis avec elle. 
La semaine dernière, alors que ce que j'ai perçu comme une tension entre nous s'est invitée dans ma séance je lui ai avoué que je m'en voulais de m'être attachée à elle.
 Et puis, en fin de séance, je partageais avec elle les photos de mon nouvel appartement, elle est venue s'asseoir à coté de moi et m'a pris dans ses bras. Ce geste plein de tendresse et d'affection m'a fait du bien car j'en avais besoin. Depuis que je sais que je vais la quitter (j'habite, et ce n'est pas si anodin, dans le même immeuble que le cabinet, endroit où je me sens tout à fait en sécurité) je me sens comme amputée de quelque chose de vital. 
Ce sentiment génère de la honte (être dépendant de quelqu'un à mon âge, c'est quand même du délire) mais surtout il est générateur d'une douleur très intense. Depuis son retour de vacances, il y a trois semaines, je ne cesse de pleurer sur mon sort.  C'est crispant de n'avoir aucun contrôle là-dessus. 
Je m'auto coach en me disant que je dois reprendre le dessus et aller de l'avant, d'habitude je suis assez douée pour passer à autre chose mais là je dois avouer que je suis impuissante. 


C'est bien, ce que je dis, avant, j'avais des super pouvoirs, mais ça c'était avant.

 

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