j'ai mal à mon petit coeur de beurre
Angoisses transferentielles, le retour!
Comme vous le savez, je travaille depuis 18 mois avec ma thérapeute. 18 mois. Cela paraît énorme quand je le dis, et si peu de temps à la fois.
Pendant quelques uns de ces 18 mois, Marie m'avait demandé de rejoindre le groupe continu qu'elle animait avec son mari, thérapeute également. Au début terrorisée, j'ai fini par accepter d'y aller.
L'expérience a été rude pour moi; faire partie d'un groupe (familial, amical, professionnel..) m'est toujours difficile. Cela étant dit, j'ai rencontré des superbes personnes lors de cette expérience. Pierre, (le mari de ma thérapeute) s'est avéré être une rencontre cruciale pour moi, même si j'étais à la fois fascinée, terrorisée et curieuse en ce qui le concernait (mon rapport aux hommes en âge d'être mon père est un vaste sujet, que j'aborderais, ou pas, plus tard)
Dans ce groupe, j'ai fait la connaissance d'une jeune femme assez étonnante, et, contre l'avis de Marie, suis devenue amie avec elle dans la vraie vie. Marie ne nous a jamais interdit de nous voir mais m'avait mise en garde sur les limites de notre amitié compte tenu de notre rencontre au sein du groupe.
je ne l'ai, bien sur pas écoutée et me suis aperçue au fil des mois que la réalité était là. Mon amitié avec Sidonie s'est avérée être un TRES mauvais choix.
Au début je a trouvais mignonnette avec son petit coté femme/enfant. Il est vrai qu'elle m'a vampirisée de suite en me prenant pour sa thérapeute de substitution et en m'appellant systématiquement en l'absence de Marie. Moi, evidemment, je ne sais pas dire non. Alors pendant des mois, j'ai vécu au rythme de ses appels téléphoniques et de ses plaintes répétées sur ses soucis perso, alors que j'avais les meins et qu'elle ne respectais pas mes limites . C'est de ma faute, je l'ai laissé faire.
Il y a 2 mois de cela, elle a mis en danger ma relation à Marie, et a, à mon sens, a fait du mal à quelqu'un d'autre alors qu'il ne le méritait pas. C'est à ce moment que j'ai eu le declic. De celui qui dit, il faut absolument s'éloigner d'elle.
Je n'ai volontairement pas parlé de cet incident à Marie. Sidonie si, je m'en doutais un peu. Mais la semaine dernière, quand Marie m'en a parlé, j'ai ressenti une tension entre elle et moi. L'excuse que je m'étais trouvée pour ne pas lui en parler était que je ne voulais pas que Sidonie, qui prend suffisamment de place comme ça, vienne en plus occuper l'espace dans la séance, mais je crois qu'en réalité je ne voulais pas décevoir Marie. J'avais certainement peur de sa réaction. Son regard a pris énormément d'importance et je supporterais mal qu'elle m'en veuille ou soit en colère contre moi. Et à ce moment là, je me suis sentie comme une enfant qui allait se faire gronder pour avoir fait une bêtise. C'est tellement idiot!
C'est la partie qui me déplait le plus dans mon travail thérapeutique, cette regression perpetuelle.
En cela, mon travail avec Marie devient compliqué. Je suis à la fois prisonnière de mon lien avec elle et suis en train de vivre un déchirement comme je ne me souviens pas d'avoir vécu avant, et, en même temps, ce lien affectif est si fort qu'il en est presque paralysant.
Mon lien thérapeutique est en train d’atteindre son paroxysme.
J’ai décidé de déménager puisque je viens d’accepter un job dans une ville environnante et que le trajet me fatigue trop et n’est pas compatible avec mes horaires. Seulement voilà, la décision, qui paraissait si évidente, m’a plongée dans un désarroi intense. Je vis très mal le fait de me séparer de Marie. Parce que j’habite dans le même immeuble que son cabinet parce qu'il y a beaucoup d’affect avec cet appartement, parce qu'il y a beaucoup d'affect avec elle.
J’ai l’impression de me séparer d’elle. Rajoutons à cela que nous en avons discuté juste avant son départ en vacances il y a deux semaines et que, pensant que je ne pourrais plus venir la voir, elle m’a annoncé qu’il fallait qu’on commence à travailler sur notre séparation.
Cette remarque, qu’elle a fait uniquement par incompréhension, m’a fait l’effet d’une gifle. Et depuis, je ne peux pas penser à mon déménagement sans pleurer. C’est extrêmement déroutant puisque quitter et déménager, fuir, c’est ce que je faisais de mieux avant de travailler avec elle. La bonne nouvelle, c’est que nous avons avancé. La mauvaise, c’est qu’évidemment cette crise survient alors que mon père s’affaiblit de plus en plus et qu'elle est en vacances. Je n’arrive pas à m’enlever sa suggestion de la tête « il faut qu’on songe à se séparer » Même si j’ai décidé de continuer à travailler avec elle, j’ai la nette impression de la laisser derrière et cette séparation qui n’en est pas une a ouvert une plaie très douloureuse que je n’arrive pas à analyser. En plus, je me sens comme une enfant, chose que je déteste totalement.
Et si elle n’avait pas dit cela de manière anodine ? Si elle pensait vraiment qu’il est temps de se séparer ? je ne peux pas imaginer qu’elle me lâche maintenant mais pourtant cette crainte m’envahit de plus en plus.
Un mois et quelques jours d'absence seulement et je ne peux décrire l’immense sensation d’apaisement que j’ai eu lorsque j’ai vu son visage.
J’ose l’admettre, elle m’a manqué beaucoup plus cette fois ci que l’année dernière, quand notre lien était encore naissant. La séance a été fructueuse pour moi car j’ai peu aborder avec elle ce qui m’a tourmenté tout l’été.
Pendant que je lui racontais que mon départ me causait beaucoup de tristesse, elle m’a avoué ressentir un éloignement de ma part. (j'ai découvert la séance suivante qu'en réalité, elle s'attendait à ce que j'aborde un sujet bien particulier dont je vous parlerais plus tard)
Elle a sans doute raison. Par mesure de protection, j’enfile ma carapace pour gérer l’après. Mais après quoi ?
J’anticipe l’éventualité que notre travail s’arrête brusquement et que je doive gérer seule dans une autre ville. Et si on va plus loin dans le raisonnement, je ne respecte pas ma partie du contrat en ne lui faisant pas confiance.
C’est infernal. Rien que d’y penser me fait pleurer. Nos rendez-vous sont pourtant calés mais je n’arrive pas à surmonter cette angoisse. Je me sens tellement conne d’être comme ça. Mettre des mots dessus devient difficile et nous avons touché un point important de ma relation à l’autre. Je suis systématiquement dans un système de défense.